Article rédigé par Catherine AUTHOM, Formatrice, psychologue spécialisée dans l’accompagnement des parents
Le déséquilibre, une opportunité d’évolution à saisir !
Tout système vivant qui souhaite le rester à travers le temps est à la recherche d’un équilibre. Equilibre qui concilie les besoins individuels de chacun de ses membres et les besoins collectifs du groupe. L’équilibre se joue aussi entre le système et son environnement.
Si nous parlons de la famille, il s’agira d’allier les besoins de réalisation et d’épanouissement de chacun avec les besoins du groupe famille comme par exemple celui de cohésion et de loyauté plus ou moins forte envers les familles d’origine.
L’équilibre recherché se situe entre 2 polarités : cohésion et individuation.
A ce propos, il serait plus judicieux d’évoquer la notion de rééquilibrage permanent plutôt que celle d’état d’équilibre à atteindre une fois pour toute. Voilà pourquoi, j’ai intitulé ce propos « la famille équilibriste ».
Comment tendre vers un équilibre ou plutôt se rééquilibrer du fait des évènements internes et externes déstabilisants qui jalonnent notre vie ? Serait-ce cela que d’aucun appelle le bonheur ?
Toute famille possède en son sein les ressources et les compétences pour mener à bien ce processus de rééquilibrage si toutefois les objectifs individuels et collectifs peuvent se négocier implicitement ou explicitement.
Le rééquilibrage, un besoin vital
Une période de déséquilibre dans la vie familiale menace la cohésion du groupe comme le bien-être de chacun de ses membres. Le rééquilibrage est à l’œuvre à de multiples occasions dans nos vies de famille afin d’en assurer la continuité. L’enjeu familial est double :
continuer d'exister en tant que totalité en conservant une identité collective conforme à l'image que la famille se fait d'elle-même
permettre l'évolution de chacun de ses membres c'est-à-dire satisfaire leurs besoins et aspirations.
Ce rééquilibrage se réalise parfois aux prix d’un « symptôme » que portera l’un des membres, symptôme qui participe donc au rééquilibrage même s’il est inconfortable pour l’un ou l’autre.
Le rééquilibrage, une quête permanente
Une quête permanente car des évènements internes à la famille comme externes viennent sans cesse titiller notre organisation et fonctionnement familial, nous amenant à engager un processus de rééquilibrage : une naissance, l’entrée à l’école maternelle, l’éloignement du domicile familial d’un enfant pour le temps de vacances ou d’études supérieures, la séparation (couple ou enfant prenant son autonomie), la maladie, le décès, un changement professionnel, un déménagement, la retraite, …. Que ces évènements soient désirés, volontaires, prévisibles ou non ; cela ne change en rien leur caractère déstabilisant.
Le rééquilibrage, une dynamique familiale
Une dynamique qui s’appuie sur deux mécanismes, l’homéostasie et la morphogenèse.
Dans la première situation, le déséquilibre est enrayé en activant le fonctionnement habituel de la famille et les choses rentrent dans l’ordre assez naturellement.
Dans la seconde situation, l’équilibre ne peut être retrouvé en activant nos fonctionnements habituels. Il s’agit d’explorer de nouveaux fonctionnements, d’activer nos compétences créatives et nos ressources afin d’innover pour retrouver un nouvel état de rééquilibre.
Grâce à ces deux mécanismes d’autorégulation, le système familial assure sa survie (ou ses ré équilibres) à travers les péripéties prévisibles ou non de la vie. Chaque famille chemine ainsi se nourrissant de ses ressources propres comme environnementales. Les familles possèdent en leur sein les compétences pour négocier certains virages plus difficiles que d’autres.
Le rééquilibrage, un processus créatif
Parfois le fonctionnement familial « se grippe », tourne en boucle alors que la création d’une nouvelle façon de vivre ensemble serait bienvenue pour se rééquilibrer. Plusieurs alternatives s’offrent à nous même si les difficultés du moment les occulte momentanément comme l’arbre peut cacher la forêt. Un accompagnement extérieur peut révéler à la famille son champ des possibles.
L’instabilité des fonctionnements peut également entraver la possibilité de vivre une phase de vie plus sereine.
Les ateliers que j’anime sont l’occasion de faire un pas de côté pour entrevoir la réalité différemment et ainsi de nouvelles perspectives. Les partages entre parents révèlent les ressources et activent le potentiel créatif parental. Chacun explore de nouvelles postures et innove en tenant compte de sa propre histoire et de ses valeurs. Les rééquilibrages élaborés et expérimentés par les parents répondant aux exigences autoréférentielles familiales sont les plus opérationnels.
Les principes systémiques à l’œuvre ici sont ceux d’équifinalité et d’autoréférence. L'équifinalité est la possibilité pour un système d'atteindre un but qui lui est propre quelles que soient les conditions initiales et la diversité des chemins pour y parvenir. Chaque système utilise les ressources de son environnement et surmonte les obstacles en utilisant des moyens en lien avec ses caractéristiques génétiques, biologiques, structurelles, psychologiques ainsi qu'avec ses valeurs. De ce fait, un système vivant est capable de se construire, d'évoluer, de se réparer si nécessaire sans jamais perdre son identité. Il s’agit du phénomène d'autoréférence.
Notre propre dynamique relationnelle familiale…. Une histoire de liens et de rééquilibrages !
Il arrive également que nous répétions avec nos propres enfants des façons de faire et d’être vécues nous-mêmes quand nous étions enfants. Le présent résonne alors avec le passé qui l’influence parfois à notre insu parfois en conscience alors que les personnes en relations ne sont pas les mêmes. Il s’agit du temps présent et de nous devenus parents à notre tour : coconstruire avec nos enfants notre propre dynamique relationnelle familiale …. Une histoire de liens et de rééquilibrages !
L'auteure
Catherine AUTHOM
Formatrice, psychologue spécialisée dans l’accompagnement des parents
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